Eloges de Loches

Publié le par TSF36

Pour le Berrichon qui désire se rendre rapidement à Tours par la route, la ville de Loches constitue, sinon un obstacle, du moins un pénible ralentissement sur un itinéraire déjà bien long. L'alternative entre la grande boucle que constitue une vague rocade parsemée de feux rouges et la traversée de la ville par une rue étroite parsemée de chicanes et de bosses ralentisseuses est une alternative dépourvue d'intérêt, car dans les deux cas, le berrichon pressé (si, si,  il y en a parfois) devra se résoudre à traverser Loches à la vitesse du gastéropode dont cette petite ville est homonyme.
Cette homonymie gluante n'engage d'ailleurs pas à s'y arrêter, même si on aperçoit pendant la traversée un beau château tout blanc sur une falaise, dont on se dit qu'un jour on pourrait s'y arrêter pour jeter un œil ou deux. On se le dit mille fois et on ne le fait jamais. Grave erreur, car Loches mérite, à plus d'un titre, une visite prolongée. Il y a tant de choses à voir qu'une journée entière ne sera pas de trop pour en épuiser les curiosités.
Lorsqu'on débarque à Loches un samedi matin, jour de marché, on est frappé par l'agitation de cette petite ville où une foule compacte déambule parmi les étals odorants, sonores et colorés. On dirait un marché de Provence ; c'est vrai qu'on est ici dans le sud de la Touraine. Il suffira de prendre la petite rue qui monte pour échapper à la foule et, une fois passée la Porte Royale du XIII ème siècle, de se retrouver dans la cité médiévale où déambulent quelques touristes matinaux. On a maintenant changé d'époque. Plus rien entre ces murs ne suggère la modernitude.
Le Logis Royal mérite vraiment la visite, ainsi que l'église romane Saint Ours qui abrite la sépulture d'Agnès Sorel, maîtresse officielle de Charles VII.
Mais ce qui restera plus certainement gravé dans les mémoires des visiteurs, c'est le fameux donjon, avec ses geôles accueillantes, sa sympathique salle de torture et la fameuse cage de fer dans laquelle Louis XI s'amusait à enfermer ses opposants. Il y a aussi un souterrain (ancienne carrière de tuffeau) d'où on émerge vers la lumière par un grand escalier vers un jardin d'inspiration médiévale. Et il y a aussi l'ascension périlleuse de la grande tour rectangulaire, toute creuse à l'intérieur, par des passerelles métalliques vertigineuses, du sommet de laquelle la vue sur Loches et le Val de l'Indre est imprenable, à part en photo.
Afin de se remettre de ces émotions, il faut redescendre dans la ville basse et s'attabler à l'ombre des glycines en fleur (ou sans fleurs selon la saison) à la terrasse de la "Gerbe d'Or", un petit restaurant fort sympathique et pas trop "piège à touristes". Rien de vraiment extraordinaire mais les plats sont assez raffinés et bien présentés. Le service est sympathique et le rapport qualité-prix est très correct.
Après avoir repris des forces, on peut alors grimper de nouveau vers la ville haute afin de visiter la maison-musée du peintre paysagiste Emmanuel Lansyer (1835 -1893), élève de Courbet. Pour les amateurs de belle peinture, c'est une heureuse surprise que de découvrir ce peintre méconnu qui gagnerait à être plus connu. Un style réaliste, à la limite de la photographie, mais en beaucoup plus beau, avec une palette de couleurs extrêmement riche annonçant parfois l'impressionnisme. On en prend plein les yeux. On peut notamment admirer plusieurs vues de la ville de Loches. Bref, la Maison Lansyer vaut vraiment le détour, d'autant plus que l'entrée est gratuite.
On peut terminer la journée à traîner au hasard dans les petites rues pentues, bordées de curieuses maisons en tuffeau blanc, à s'attarder -le nez en l'air - sur maint détails d'architecture. On peut aussi  faire le tour des remparts,  pousser jusqu'au jardin public d'où on bénéficie d'une vue imprenable sur la citadelle lochoise.
Après cette belle journée passée dans la ville de Loches, on peut revenir vers le Berry en passant par Montrésor, autre lieu sublime de la Touraine Sud, mais ceci est une autre histoire qui sera peut-être narrée un prochain jour ...

 

loches1.jpg

 

loches2.jpg

 

loches3.jpg

 

loches4.jpg

 

loches5.jpg

 

loches6.jpg

 

loches7.jpg

Publié dans Pays lointains

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
<br /> Magnifique reportage plein ... d'amour dirait-on. En tout cas cela donne une furieuse envie d'aller à Loches. C'est aussi, il me semble, une cité où la littérature a quelques quartiers de noblesse.<br /> <br /> <br />
Répondre