Samedi 22 septembre 2018
Pour une fois, le choix était facile à la date susdite !
Mais Brassens, on ne s'en lasse pas ...
Des alexandrins parfaits, des strophes avec des rimes agencées selon un schéma compliqué "aabccb". Et même l'alternance des rimes masculines et féminines est respectée même si personne ne le remarque.
Un texte truffé de références culturelles, de jeux de mots, de traits d'humour.
Un travail d'écriture d'une grande minutie et d'une grande subtilité et qui pourtant semble couler de source. Brassens avouait qu'il écrivait très rapidement ses chansons mais qu'il passait six mois à les réécrire !
C'est ça le Grand Art ...
Un vingt-deux septembre au diable vous partites,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
On ne reverra plus au temps des feuilles mortes,
Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
Et me rompais les os en souvenir de vous...
Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Les regrets éternels à présent me dépassent:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Désormais, le petit bout de cœur qui me reste
Ne traversera plus l'équinoxe funeste
En battant la breloque en souvenir de vous...
Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
A peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes:
Le vingt-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
Et c'est triste de n'être plus triste sans vous
Paroles et Musique: Georges Brassens 1964