Les Beatles retrouvés ...

Publié le par TSF36

Longtemps je me suis couché de bonne heure ; je sais, il n'y a pas là de quoi en faire un roman.
En tout cas, la version remasterisée de l'oeuvre intégrale des Beatles se vend comme des petits pains. Et c'est tant mieux, bien que certains esprits chagrins dénoncent l'aspect commercial de l'opération.
Et alors ? Si pour une fois le marketing est au service d'un chef d'oeuvre de la musique, je dis : vive le marketing !
Cela permet en effet de redécouvrir des monuments musicaux qui font tellement partie de notre inconscient collectif qu'on n'y prête pas plus attention qu'à l'abbaye de Déols qu'on voit chaque jour sans la regarder. Il suffit  pourtant d'un éclairage nouveau pour redécouvrir ce qu'on croyait connaître. Il suffit d'une petite galette en plastique, telle un muffin anglais trempé dans une tasse de thé anglais, pour se retrouver projeté  42 ans en arrière au moment précis où on a pour la première fois entendu de ses oreilles ébahies sur les grandes ondes d'Europe 1 l'album Sgt. Pepper ...
Mais à quoi bon se décarcasser à retrouver le temps perdu , quand on ne s'appelle pas Marcel, puisqu'il suffit de copier/coller l'excellent article qu'un blogueur berrichon avait naguère consacré à cet album sublime. Je sais, c'est pas bien de copier, mais je pense que le susdit blogueur me pardonnera volontiers, puisque c'est pour la bonne cause :


"C’était il y a quarante ans. En ce temps là, me direz-vous, on était plus jeunes que maintenant. Et on découvrait, émerveillés, à la radio le dernier album des Beatles " Sgt. Pepper’s lonely hearts club band " Même avec la médiocre qualité d’écoute d’Europe N°1 en grandes ondes, c’était un sacré choc musical. Jamais on n’avait entendu ça. Pensez donc : Un album avec des chansons enchaînées, dont certaines dépassaient allègrement les 2 minutes trente réglementaires … A l’époque les 33 tours étaient chers, et acheter un album était une affaire importante qui ne se décidait pas sans réflexion. Mais là dans ce cas, l’investissement était amplement justifié. Ca commençait par un brouhaha de foule et d’instruments qu’on accorde puis George attaquait l’irrésistible chanson éponyme. Ensuite, on entrait dans le vif du sujet avec " With a little help from my friends " suivi de Lucy in the sky with diamonds, dont le texte surréaliste passait à l’époque pour être le summum du psychédélisme. On chuchotait d’ailleurs que les initiales du titre formaient les lettres LSD. On a appris ensuite, de l’aveu même de l’auteur, que c’était purement fortuit. On a également appris plus tard que Lucy était une petite créature anthropoïde qui grimpait aux arbres et dont Yves Coppens découvrit les restes en Afrique ! Mais ceci est une autre histoire ... Il y avait aussi " She’s leaving home ", un texte un peu larmoyant sur le conflit des générations, mais avec un accompagnement de harpe et de quatuor à cordes, avec des harmonies vocales somptueuses. C’était beau comme du Mozart . Puis c’était l’ ambiance de fête foraine si bien rendue de " Mr Kite " dont le rythme binaire s’interrompait pour faire place à des tourbillons de valse aux sonorités d’orgue de barbarie imaginaire. Puis passage à des choses plus spirituelles avec " Within you, without you " de George Harrison. Une musique inouïe de sitar et de tablas qui, bien qu’elle ne fût pas authentiquement indienne, me semblait à l’époque l’essence même de l’Inde mystérieuse ! Et un texte de la plus pure philosophie indienne : " Et le moment viendra où tu verras que nous sommes tous un Et que la vie coule en toi et en dehors de toi " Ensuite, il y avait " When I’m 64 " la chanson que j’aimais le moins, car il était évident que les Beatles n’auraient jamais 64 ans, et moi non plus a fortiori . Puis il y avait Rita, la charmante contractuelle, souvenir d’une époque bénie où on pouvait encore échapper aux contraventions. Je zappais ensuite " Good morning " une chanson fort oubliable s’achevant sur une cacophonie de cris d’animaux de basse-cour. Heureusement, après ce court épisode animalier on retrouvait la reprise de " Sgt. Pepper’s " s’enchaînant sur LE chef d’œuvre ultime " A day in the life " Sur une rythmique lente et inexorable de guitare, de basse et de piano, Lennon attaquait d’une voix sépulcrale et glaçante : I read the news today oh boy … Un texte étrange qu’à l époque j’essayais, en vain, de traduire… " Now they know how many holes it takes to fill the Albert Hall " … " Maintenant ils savent combien de trous il faut pour remplir l’Albert Hall ". Pas plus clair en français ! Puis c’était un tourbillon d’orchestre symphonique qui grossissait, qui s’amplifiait jusqu’à un paroxysme interrompu brusquement par la sonnerie du réveil. Ah ! cette sonnerie, indispensable à la compréhension de l’oeuvre ! On l’entendait bien sur le disque, mais pas sur les grandes ondes de la radio. Rien que pour ça, il fallait posséder le disque ! Puis Paul apparaissait avec sa partie sur un rythme plus rapide terminée par de superbes harmonies vocales. Enfin, retour de Lennon reprenant le thème initial et de nouveau ce maelström d’orchestre allant crescendo et soudain interrompu par ce fameux accord de piano à la résonance interminable qui avait, à l'époque, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Jamais un album ne s’était achevé de telle façon. C’était il y a quarante ans. Comme le temps passe ? Non, c’est nous qui passons ! Mais les flacons du Sergent Poivre sont toujours là, bien rangés, sur l'étagère à épices de ma mémoire."

Publié dans Musique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article