Le bout du bout du monde
Cette fois-ci, on n’ira pas plus loin.
La Pointe du Raz est en effet la pointe la plus occidentale de notre beau pays, le bout de son museau pointu. Au delà, il n’y a que la mer et l’Amérique qu’on aperçoit, paraît-il, par temps clair après quelques bouteilles de chouchen.
L’arrivée à la Pointe du Raz peut irriter les grincheux, du fait qu’il est impossible d’échapper au parking payant. Mais on fait une bonne action en participant à la sauvegarde d’un site exceptionnel. Un autre motif de grogne, c’est le grand centre touristico-commercial en béton, fort moche, alignant ses boutiques de biniouseries et ses restaurants peu gastronomiques. Enfin, une fois engagé sur le sentier qui mène à la pointe, on ne voit plus ni le parking ni l’usine à touristes.
On ne voit que la mer bleu d’azur (quand il fait beau) le ciel de la même couleur agrémenté de jolis cumulus, la lande de bruyère et d’ajoncs. Il faut peu de temps pour atteindre le point de vue cent fois vu en carte postale. Mais en vrai, ça fait nettement plus d’effet !
A défaut de voir l’Amérique, on voit parfaitement l’Ile de Sein, située à 8 kilomètres au large et peuplée de 250 habitants qui peuvent se vanter d’habiter plus loin que le bout du monde.
Rares sont les touristes qui iront à l’extrémité ultime du rocher déchiqueté qui plonge à pic dans la mer car le sentier n’est pas balisé et de nombreux panneaux dissuadent les intrépides qui voudraient s’y risquer.
Par contre, on pourra en toute sécurité suivre le GR côtier jusqu’à la Baie des Trépassés, une superbe balade dans un paysage grandiose, dont on revient généralement vivant après s’être désaltéré au relais de la pointe du Van dominant la plage déserte. Un moment de pur bonheur après une longue marche.
Et on repart, car il faut bien partir, en se disant qu’après avoir été au bout du monde, les pays lointains qu'on visitera par la suite sembleront terriblement proches ...