Eloge du château de Blois

Publié le par TSF36

Que peut faire un touriste impénitent par une journée grise et pluvieuse de janvier ? Une randonnée pédestre dans la boue ? Se morfondre devant la télé ? ou alors visiter un petit château ?

La troisième solution est peut-être la plus intelligente, d’autant plus que dans le Centre France, il y en a pas mal à se mettre sous la dent en toute saison.

Le château de Blois, puisqu’il s’agit de lui, est un des plus remarquables et un des plus curieux sur le plan architectural. Il est en effet  composé de 4 styles différents, du médiéval, du gothique flamboyant, du Renaissance et du classique. Comme le fait remarquer notre guide « C’est un château économique puisqu’on en a quatre pour le prix d’un »

La photo panoramique à 180 degrés ci-dessous, prise dans la cour intérieure, montre bien ces styles différents. Le clou architectural, c’est indéniablement le grand escalier merveilleusement décoré de la façade François I er.


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L’intérieur est tout à fait remarquable par la richesse de l’ornementation, mais attention ! il s’agit d’une recréation datant du XIX ème siècle, une interprétation de la Renaissance vue par un restaurateur du XIX ème siècle, avec un côté kitsch hollywoodien assez réjouissant.

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L’autre intérêt du château de Blois, et non le moindre, c’est qu’il est chargé d’histoire et semble toujours hanté par la présence des grands personnages qui y ont séjourné : Louis XII, François I , Henri II, Henri III, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, pour ne citer que les plus connu(e)s …

Et il y a toujours le fantôme du Duc de Guise qui plane au second étage des appartements royaux.

Rappelons brièvement pour les nuls en histoire que le Duc Henri de Guise était le leader de la Ligue, une secte féroce de catholiques intégristes. En ce beau XVIème siècle où l’on s’étripait pour des motifs aussi importants que la transsubstantiation ou la consubstantiation du Christ dans l’eucharistie, la virginité ou pas de Marie, l’infaillibilité papale, j’en passe et des meilleurs, en ce bon vieux temps donc, le Duc Henri de Guise qui avait une dent contre les Huguenots, s’était illustré comme un des principaux instigateurs des massacres de la Saint Barthélémy avec l’approbation de Catherine de Médicis et de Charles IX (1572) en commençant par faire massacrer son ennemi intime Coligny, chef des huguenots. Puis, à la mort de Charles IX, Henri III devint roi de France et comme il semblait trop tolérant envers les Huguenots, l’affreux Duc de Guise rêvait de prendre sa place sur le trône et de faire de la France un pays vraiment catholique. Mais Henri III était au courant des manigances de son rival pour être roi à la place du roi et il lui tendit un piège fatal.

Il le fit convoquer au château de Blois pour une réunion de travail importante. C’était en décembre 1588.

On avait pourtant fait savoir à Henri de Guise que ça craignait un peu de se rendre à cette réunion bidon. Mais comme il n’en faisait qu’à sa tête guise, il se rendit au château où il fut massacré en bonne et due forme par la garde rapprochée du roi. Quarante-cinq contre un : ça lui laissait peu de chance !

Quand Henri III vint inspecter les travaux finis, il eût cette phrase mémorable « Il est encore plus grand mort que vivant ». Et c’est vrai que Henri de Guise fut un grand homme : il mesurait plus de 2 mètres, une taille extraordinaire à l’époque. C’est la seule grandeur qu’on peut lui reconnaître et on ne versera donc pas une larme sur les lieux de sa mort.

Ceci dit, Henri III s’était débarrassé d’un redoutable adversaire politique, mais cela ne lui fut pas d’un grand secours puisqu’il fut lui-même assassiné l’année suivante, alors qu’il était sur sa chaise percée, par un moine illuminé du nom de Jacques Clément.

Et la morale de tout cela ? me direz vous.

Eh bien, tout simplement : c’est très vilain de faire assassiner ses adversaires politiques !

 

En prime : l'assassinat du Duc de Guise, film de 1908, un des premiers films historiques en costumes du 7 ème art.

 

 

 

Publié dans Préhistoire

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S
<br /> J'ai toujours un buffet Henri II de ma grand' maman, alors ce détrônement nous a fait louper le style Henri III, quel dommage !<br />
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T
<br /> <br /> Moi aussi j'ai un superbe buffet Henri II, datant des années 1930. Chez Emmaüs aussi, ils ont des superbes buffets Henri II prix de vente moyen 200 € ! Une misère ... Personne il en veut ...<br /> <br /> <br /> Mais je le préfère,et de loin, à un buffet IKEA <br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Bonsoir<br /> <br /> <br /> "Mourir à la Renaissance" : deux mots et une époque.<br /> <br /> <br /> "Etre Clément ou n'en  faire qu'à sa Guise au XVème siècle" :  deux beaux sujets de thèses non ?<br /> <br /> <br /> Victor <br />
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T
<br /> <br /> En effet, Victor, ça ferait même des bons titres de best sellers !<br /> <br /> <br /> Mais on se marrait bien quand même à la Renaissance, entre 2 massacres et 3 assassinats ! <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Alors, pour Henri III , "ça n'alla pas" , pas du tout !  La Loire n'étant pas loin... était-ce un lieu à l'Anglaise ou bien un prototype de toilettes sèches à sciure ? Versailles aussi a été<br /> mickeylandisé, encore plus kistch ; mais ils ont perdu beaucoup des nombreuses toilettes, ce qui reste un grand problème pour les touristes !<br /> <br /> <br /> http://versaillesblog.blogspot.fr/2008/09/les-commodits-versailles-sous-lancien.html<br /> <br /> <br />  <br />
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T
<br /> <br /> Le "pauvre" Henri III ... ce fut en effet le dernier trône qu'il occupa !<br /> <br /> <br /> Quant à Jacques Clément, il s'en est tiré à bon compte puisqu'il fut aussitôt embroché par la garde rapprochée d'Henri III et fut donc écartelé et brûlé post mortem, selon la tradition pour les<br /> régicides.<br /> <br /> <br /> Son émule, Ravaillac eut beaucoup moins de chance !<br /> <br /> <br /> Quelle belle époque, la Renaissance ...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />