Eloge de la Voie Verte
Toute ma vie j’ai rêvé de faire du vélo sur une voie ferrée. Pas en vélorail, mais avec un vrai vélo. Cela faisait d’ailleurs partie de ma liste des « 99 choses à faire avant de mourir ». Aujourd’hui, c’est chose faite et ce rêve est réalisé.
La Voie Verte de la Vallée de la Creuse emprunte en effet une voie ferrée désaffectée de 70 kilomètres qui va d’Argenton-sur-Creuse jusqu’à Concrémiers. Un itinéraire balisé, sécurisé idéal pour une randonnée en VTC sans rencontrer (théoriquement) le moindre véhicule à moteur. La surface est de qualité variable, souvent sablonneuse, parfois gravillonneuse mais toujours praticable. Le tronçon qui va de Ruffec au Blanc bénéficie même d’un enrobé parfaitement lisse, un vrai bonheur, d’autant plus qu’il n’y a aucun dénivelé. Pour le cycliste normal, la platitude est ici un grand avantage car il peut rouler sans la moindre fatigue. Souvent la Voie Verte traverse de véritables voûtes de verdure où le soleil de juillet ne pénètre pas. Chemin faisant, on rencontre des petites gares abandonnées, des maisons de garde-barrière, de jolis ponts de pierre ou métalliques (tous construits par Gustave Eiffel, ça va de soi), des tunnels, des segments de rails et des vestiges de signalisation ferroviaire qui ajoutent au charme désuet du trajet. L'apothéose de la randonnée est sans conteste la Gare du Blanc, toute blanche, désaffectée certes mais merveilleusement réhabilitée. Elle abrite maintenant une école de musique. Un peu plus loin, on touche au sublime en passant sur le viaduc, avec une vue à couper le souffle sur la vallée de la creuse et la ville du Blanc.
Quelques baies molles toutefois à ce tableau idyllique : il y a trop de barrières en bois sur le trajet. Certes elles sont nécessaires pour interdire l’accès aux véhicules à moteur, mais elles obligent le cycliste à ralentir et à les prendre de biais, voire à mettre pied à terre pour les franchir. Autre point noir : entre Ciron et Ruffec, il faut traverser la N 151, une route dangereuse avec beaucoup de poids lourds. Donc l’itinéraire n’est pas totalement sécurisé.
Voici quelques images de la partie qui va de Ciron au Blanc. A Ciron, on peut se garer sous les tilleuls près de la célèbre lanterne des morts, puis enfourcher son vélocipède en direction du Blanc en pensant au bon vieux temps des petits trains à vapeur et à l'inévitable obsolescence de la modernitude que chantait si bien André Claveau ...
Léon Laflèche, chroniqueur sportif